L'ASSOCIATION 125 ET APRÈS & RIVEDROITE
Tu n’es pas seule. Nous sommes avec toi.
Si tu as acheté ce sac, c’est que tu sais que ce que tu vis chez toi n’est pas acceptable et que tôt ou tard, il faudra partir.
Si tu l’as reçu, c’est que quelqu’un de ton entourage pense à toi et craint pour ton avenir. Cette personne ne sait peut-être pas comment aborder le sujet avec toi mais elle t’aime très fort. Elle est certaine que tu es capable de mener le combat qui t’attend parce que tu sais que tu mérites mieux.
Peut-être que tu as déjà pensé à tout ça, mais que tu as eu peur, que tu as cru que tu exagérais. Peut-être que tu as préféré remettre ton départ, ta rupture à plus tard.
Peut-être qu’aujourd’hui tu peux y penser un peu plus.
Prends ton temps et prépare-toi à ton rythme.
Parce que fuir foyer où sévit la violence, ça se prépare.
Il y a un compartiment secret dans ce sac, où tu pourras entreposer tout ce dont tu auras besoin pour après.
En attendant, après être partie, sache qu’il y a la vie.
Attention : si tu es en danger de mort imminent, cours, enfuis-toi, fais tout ce que tu peux pour lui échapper.
TE PRÉPARER.
Autrement, voici comment te préparer en sécurité selon l’Union Nationale des Familles de Féminicides et mon expérience.
Se préparer au pire, c’est commencer à créer la distance nécessaire avec sa condition de victime pour la quitter...
Prépare ton sac pour fuir au fur et à mesure.
Il devrait contenir :
- Tenues de rechange pour toi et tes enfants si tu en as, nécessaire d’hygiène, couches, biberons, lait. Bref : de quoi nourrir tes enfants et qu’ils retrouvent des objets familiers durant au moins 3 jours.
- Si tu le peux, mets dans ce sac des photocopies ou des scans des papiers indispensables pour voyager, aller à l’école et entamer plus facilement les démarches liées à la garde :
Acte de naissance, de mariage, de décès de TOUS les membres de la famille y compris le conjoint (à demander par mail à la mairie de naissance de chaque personne https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1427)
- Attestation de sécurité sociale (et photocopie de ta carte vitale) et carte de mutuelle, carnets de santé des enfants surtout les pages de vaccination
- Livret de famille
- Acte de propriété
- Permis de conduire, papiers du véhicule, assurances
- Numéros de compte de votre banque, contrats
- Prévois de l’ARGENT LIQUIDE (pour ne pas avoir à utiliser ta carte bleue, facilement traçable les premiers temps)
- Ajoute dans le sac l’objet, la photo auxquels tu tiens le plus et qui te donne de la force
Si tu n’as pas tous ces éléments, ça n’est pas grave. Le plus, le mieux !
Cache enfin ce sac pour fuir dans un endroit sûr et accessible n’importe quand : par exemple chez une personne de confiance, dans le coffre de ton véhicule si tu es seule à y avoir accès, ou dans une consigne à bagages de gare, accessible 24h/24 et 7j/7
En parallèle, fais connaitre ta situation :
- Parle à des professionnels (médecin, assistante sociale, associations…) qui pourront par la suite attester de ce que tu vis au moment où ta situation était critique tout en gardant le secret.
- Prends contact (si possible) avec un avocat afin de préparer ton dossier juridique en amont.
- Préenregistre le numéro de la gendarmerie ou du commissariat le plus proche dans ton téléphone
Aie en tête que dans les heures qui suivent ton départ il faudra :
- Signaler ton départ et ses raisons à la police ou gendarmerie au plus vite en déposant une main courante ou une plainte. Pense à en exiger le récépissé.
- La police a l’obligation de recevoir ta plainte. Si elle refuse ou te fait ressentir un doute, insiste car ELLE N’A PAS LE DROIT DE SE SUBSTITUER AU PROCUREUR, c’est la loi.
- Désactive la géolocalisation de ton téléphone et sur TOUS tes comptes sociaux. Personne ne doit savoir où tu es, ni ce que tu fais.
- Emmène ton véhicule chez un garagiste ou centre auto, afin de vérifier l’absence de traceur GPS (ça arrive beaucoup plus souvent qu’on ne le croit). ATTENTION, si un logiciel espion ou un traceur est repéré, NE LE RETIRE PAS ! Fais constater sa présence par les autorités. Pour rappel : le code pénal article 226-1 punit d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de porter atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui, ces peines sont applicables à l’interception des télécommunications ou l’installation d’appareil à cette fin (art 226-3)
Pour être capable de partir, essaie de reprendre possession de toi-même.
L’emprise, la maltraitance en général visent à effacer ce que nous sommes. On ne sait plus vraiment ce que l’on représente, ce que l’on pense, ce que l’on vaut. Or, s’en sortir, ça passe parfois par des petites actions qui, mises bout à bout, permettent de reprendre confiance. Il faut donc essayer de se reconnecter à qui l’on est pour mettre en mouvement ces petites actions.
Pour l’esprit, par exemple, écrire ses pensées, noter les phrases qui nous marquent dans les livres, les films, et les relire permet de constater ce qui provoque en nous un questionnement, une émotion. Un moyen de nous les réapproprier.
Pour le corps, il faut l’aider à devenir un allié fiable, résistant. Le sport, par exemple, permet de comprendre de façon empirique la notion de limite, de risque et de satisfaction. Quand on est plus fort physiquement, on se sent plus fort mentalement. Le sport est également générateur d’hormones de plaisir ce qui en fait un antidépresseur naturel parfait.
Et puis il faut essayer de trouver TON argument décisif… Généralement, quand on en arrive là, c’est qu’il y a une faille narcissique qui nous conditionne à accepter des niveaux de souffrance que la majorité des autres personnes ne tolèreraient jamais. Les « mais comment tu fais pour supporter ça ? » renforcent le sentiment d’incompréhension de la société et donc la conviction que lui seul nous comprend… Alors peut-être, essaie d’imaginer que c’est à ta sœur ou à ta meilleure amie qu’il fait subir ce qu’il t’impose.
Il n’y a pas de fiche technique pour retrouver l’estime de soi. On peut s’inspirer les unes des autres, mais le début de cette reconquête est une quête. Cherche ce qui te semble juste, ce qui te rassure, ce qui te fait te dire « ça c’est moi », et cultive-le.
Je te parle aujourd’hui en connaissance de cause : je m’appelle Sarah, je suis passée par là. Je tiens à te dire que tu es capable de surmonter les mois qui t’attendent, tu as vécu bien pire. Et, non, le chaos n’est pas aussi terrible que ce que tu imagines. Le plus dur, ce sont nos attentes. Il y aura du beau. Peut-être pas aussi rapidement que tu l’espères. Peut-être que si. Quoiqu’il en soit, dans tous les cas, un jour, il y en aura.
Et surtout, surtout, une petite graine va germer en toi, une force que tu ne suspectes pas, tu seras inébranlable, plus rien ne t’arrêtera, tu auras cette conviction que tout est possible, parce que tu auras tenu tête au pire. Ce qui aura failli te détruire sera ton meilleur allié.
Mon livre 125 et des milliers est sorti en librairie en mars 2023. Tu y trouveras, si tu le souhaites, beaucoup d’autres bonnes raisons de croire en toi et dans des lendemains joyeux. Je trouvais utile de faire connaître à travers ce « sac pour fuir », le fait qu’un départ de foyer violent, ça se prépare. La fuite est un moment où l’on est fragile, sans maison, avec une identité abimée et beaucoup de doutes. Alors ce sac est ton compagnon, une petite bouée, le symbole aussi que tu as décidé que ta souffrance devait se terminer.
J’ai parlé de cette idée à Yasmine, mon amie d’enfance et créatrice de la marque Rivedroite. Elle m’a tout de suite dit oui ! Les bénéfices financeront les actions de « 125 et après », des aides pragmatiques pour aider les victimes de la violence domestique à changer de vie.
